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Arnaud Gervais (Aircalin) : « Le succès de la Thaïlande est une bonne surprise » [ABO]

Un premier bilan de la ligne Nouméa - Bangkok - Paris


En ce mois de juin 2025, c’est à Paris que le monde aéronautique a rendez-vous, avec des évènements tels que le Paris Air Forum et bien sûr le salon du Bourget. À cette occasion nous avons pu rencontrer Arnaud Gervais, le directeur marketing et commercial d'Aircalin, quelques mois après l’ouverture, en décembre dernier, de la ligne Nouméa - Paris, via Bangkok. Pour TourMaG, il tire un premier bilan, alors que la Nouvelle-Calédonie peine à redémarrer, avec cependant des signaux positifs. Interview.


Rédigé par le Jeudi 19 Juin 2025

Arnaud Gervais, le directeur marketing et commercial d'Aircalin, à Paris le 12 juin dernier - Photo : C.Hardin
Arnaud Gervais, le directeur marketing et commercial d'Aircalin, à Paris le 12 juin dernier - Photo : C.Hardin
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La grave crise en Nouvelle-Calédonie avait précipité les choses en décembre dernier.

Privée d’une grande part de ses recettes, et ayant dû fermer ses lignes avec le Japon et l’Australie, Aircalin avait décidé d’avancer l’ouverture de la ligne vers Paris.

« Les évènements nous ont obligés à bousculer nos plans et à faire preuve d’agilité », avait alors expliqué Georges Selefen, le PDG d’Aircalin.

Après 6 mois d’exploitation, nous faisons le point avec Arnaud Gervais, le directeur marketing et commercial de la compagnie, présent au Salon du Bourget.

Lire aussi : La Nouvelle-Calédonie veut reconquérir le cœur des Français


Aircalin : des recettes "sans partage"

TourMaG - Où en êtes-vous, quelques mois après son ouverture, de votre ligne entre Nouméa et Paris via Bangkok ?

Arnaud Gervais : Nous avons ouvert cette ligne effectivement le 11 décembre dernier. Pour préciser le contexte, c’était un projet que nous avions en ligne de mire que de relier Paris à Nouméa.

Nous étions les seuls parmi les compagnies d’outre-mer qui ne desservaient pas Paris. C’était donc un projet « naturel » et nous attendions le bon moment, tout en nous y préparant.

Les conditions dans le pays nous ont fait accélérer ce projet et en août 2024, nous avons décidé d’ouvrir la ligne dès que possible.
Nous avons véritablement sprinté et ouvert en quelques mois.


TourMaG - Ce sprint correspondait-il à une urgence ? Des pertes de recettes conséquentes ?

Arnaud Gervais : Oui, tout à fait. Le flux de passagers entre Paris et la Nouvelle-Calédonie a un poids très fort. Jusqu’à maintenant, nous partagions ce flux avec d’autres partenaires, dont Air France, en les rencontrant sur des points comme Singapour ou le Japon par le passé.

On se partageait donc les recettes.

Dans notre plan de sortie de crise, l’idée était de recouvrer la totalité de la recette sur cette route sans la partager avec les partenaires habituels.

Cependant, nous avons souhaité « ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier » et maintenir la connexion via Singapour pour conserver un équilibre à la fois opérationnel, mais aussi pour laisser le choix à nos clients de la connexion à Singapour ou alors un produit calédonien jusqu’à Paris avec ces vols directs.

Ce pari de récupérer, pour une partie du flux, 100% de la recette sans partage aucun s’est avéré gagnant, puisque aujourd’hui ce modèle économique nous donne raison et a amélioré notre situation financière de manière radicale.

Bangkok : la bonne surprise

TourMaG - La situation de la compagnie s’améliore donc ?

Arnaud Gervais : Oui, et le bilan est positif à plusieurs égards.

Tout d'abord d'un point de vue financier, car, sur une partie des flux, nous recouvrons des niveaux de recettes conformes avec la structure de charge de la compagnie.

C’est aussi un bilan positif en termes de réponse client. Cependant, nous observons une particularité par rapport à nos prévisions : nous avons eu beaucoup plus de trafic que prévu sur les segments intermédiaires, alors que nous sommes en dessous de nos objectifs sur la ligne Nouméa-Paris-Nouméa.

Il y a une forte demande pour Bangkok, principalement sur le marché « France » mais aussi sur le marché thaïlandais, avec des groupes que nous ne pensions pas obtenir si rapidement. C’est une bonne surprise.

Pour vous donner quelques chiffres, entre janvier et avril 2025, plus de 21 000 passagers ont voyagé sur la ligne. Le taux moyen de remplissage s’élève à 81%, avec des pics enregistrés à 91% en décembre 2024, 85% et 84% en janvier et avril 2025.

Ces chiffres témoignent à la fois de la pertinence de la desserte et de l’adoption rapide de la ligne par les voyageurs, qui apprécient notre service à la fois pour se rendre à Nouméa ou dans le Pacifique Sud, mais également pour la destination Thaïlande.

On le voit bien avec nos partenaires de la distribution, mais aussi en vente directe. Nous arrivons à un moment où la destination Thaïlande est redynamisée et « en plein boom » et nous offrons donc une bonne alternative sur le marché France en captant plus de passagers que nous le pensions.

J’ajoute que sur notre route de Singapour, nous avons des partenariats en SPA (Special Prorate Agreements, ndlr) avec Emirates, Etihad et Qatar Airways qui fonctionnent bien et qui sont en continuation sur Nouméa.


TourMaG - Ce succès avec Bangkok va-t-il vous inciter à rajouter des fréquences ?

Arnaud Gervais : Oui absolument, sur cette route nous annonçons pour novembre 2025 une troisième fréquence Paris - Bangkok - Nouméa.

Nous voyons que c’est une tendance porteuse. Les clients et les distributeurs apprécient le positionnement que nous avons.

Nous sommes une « petite » compagnie avec un côté « boutique airline » qui plait, un service à bord chaleureux et attentionné, selon les retours clients que nous avons.

Aussi, notre classe « Affaires » marche bien. C’était l'une des inconnues, mais nous avons des taux de remplissage sur les classes avant très satisfaisants.

Quid du marché France ?

Carole Bednarek, directrice commerciale et marketing France et Europe d'Aircalin précise : « Nous avons une clientèle essentiellement en vente directe sur le site de la compagnie, cela marche très bien. Nous sommes affichés sur tous les e-commerces, avec ou sans accord.

Concernant les TO, nous sommes bien positionnés sur Bangkok, mais ce sont plutôt les OTA qui fonctionnent bien.

Sur Nouméa, nous avons plus de trafic corporate avec les institutionnels, comme les gendarmes par exemple.

Nous franchissons des étapes. Nous allons travailler sur l'e-commerce, développer des actions avec les TO. On espère pouvoir être présent sur le stand de la Thaïlande à l’IFTM 
».

Nouvelle-Calédonie : une demande encore en berne

TourMaG - En novembre 2025, date à laquelle vous allez rajouter une troisième fréquence, pensez-vous que la situation en Nouvelle-Calédonie se sera améliorée ? Les choses semblent aller très lentement concernant le retour à une situation normale...

Arnaud Gervais : Effectivement, la demande est encore en berne, cependant nous avons des signes positifs.

Par exemple, les trafics de croisières australiennes qui stoppent en Nouvelle-Calédonie reviennent de façon très intense.

Aussi, le niveau d’alerte indiqué par l’Australie et la Nouvelle-Zélande a baissé et nous sommes au niveau de destinations prisées comme Bali, avec un niveau d’alerte standard.

On voit également des Australiens à bord d’Aircalin, pour autant on ne sent pas la reprise au départ de Paris.

Comme le précisait Carole, nous avons de bons flux d’affinitaires, mais il est vrai que la destination n’est pas encore revenue dans les radars comme dans le passé sur le marché français.


TourMaG - Qu’en est-il de la liaison sur le Japon, actuellement suspendue ?

Arnaud Gervais :
S’agissant des liaisons avec le Japon, la compagnie n’exclut pas de les réactiver, en concertation avec les acteurs de la filière touristique et des organes de promotion de la destination Nouvelle-Calédonie.

L'A350, le bon outil sur la ligne vers Paris

TourMaG - Concernant l’acquisition de deux A350-900, quelle sera votre gestion de flotte ? Allez-vous garder vos deux A330 ?

Arnaud Gervais :
Nous avons effectivement annoncé en fin d’année dernière l’acquisition de deux A350 à fin 2026 pour le premier exemplaire.

Ces appareils seront prioritairement affectés à la ligne Paris - Nouméa, notre schéma étant de conserver l'un des Airbus A330 actuels qui se limitera aux destinations d'Asie (Singapour, Japon) et Pacifique (Sydney, Tahiti) depuis Nouméa.

Outre la consommation réduite de 10%, ils permettront de ne plus nous retrouver - comme cela peut être le cas parfois - en limite de « Payload » (charge utile commerciale, ce qui rapporte des recettes à la compagnie Aircalin, ndlr) sur le secteur Paris - Bangkok et de ne plus devoir arbitrer entre taux de remplissage passager et cargo.

L’activité du fret représente environ 10% des recettes d’Aircalin, ce n’est pas anodin.

Christophe Hardin Publié par Christophe Hardin Journaliste AirMaG - TourMaG.com
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